Alors qu’en France, les femmes de plus de 30 ans ont la possibilité de se faire dépister du papillomavirus grâce à des tests HPV (pris en charge par l’assurance maladie), une récente étude a examiné le lien entre les relations sexuelles orales, le virus, et les cancers qu’il provoque.
Sucer est-il dangereux ? Pour le savoir, une équipe de chercheurs de l’Université Johns Hopkins a demandé à plus de 500 personnes de répondre à une enquête comportementale sur leurs activités sexuelles sur plusieurs années. Environ un tiers des participants avaient reçu un diagnostic de HPV; et les deux tiers ne l’avaient pas fait.
Les principaux points d’intérêt portaient sur l’âge d’une personne, son nombre total de partenaires sexuels, l’âge de son «initiation sexuelle» et le nombre de personnes avec lesquelles elle a pratiqué des relations sexuelles orales dans un court laps de temps.
Le verdict est tombé : les fellations intenses et régulières augmentent le risque de cancer de la bouche et de la gorge. Les résultats, publiés dans la revue American Cancer Society, indiquent que le fait d’avoir 10 partenaires sexuels oraux antérieurs, des relations sexuelles orales à un âge plus jeune, et plus de partenaires dans une période plus courte augmentent 4 fois plus le risques de contracter un cancer de la bouche et de la gorge lié au HPV. Les participants qui avaient des partenaires sexuels plus âgés lorsqu’ils étaient jeunes et ceux qui avaient des partenaires hors mariage étaient également plus susceptibles d’avoir contracté les cancers.
Virginia Drake, l’une des médecins qui a mené l’étude, explique que de nombreux facteurs autres que le nombre de partenaires sexuels peut contribuer à l’exposition du HPV et au cancer de l’oropharinx (lié également au HPV). Les personnes qui ont des relations sexuelles orales lors d’un premier rapport sexuel court ont eux aussi un risque élevé : selon les chercheurs, une exposition initiale au HPV via les organes génitaux entraîne une «réponse immunitaire robuste», préparant ainsi le corps d’une personne à l’introduction du virus par voie orale. Mais ceux qui s’adonnent directement au sexe oral n’ont pas cette réponse immunitaire et courent donc un risque plus élevé d’infection.
Le papillomavirus, un virus très contagieux
Les papillomavirus humains (HPV) appartiennent à une famille de virus comptant plus de cent variantes. Les conséquences d’une infection peuvent, selon le type de papillomavirus, aller des verrues génitales aux cancers. Plus de 99 % des cancers du col de l’utérus sont ainsi provoqués par une infection chronique par papillomavirus.
Les papillomavirus sont particulièrement contagieux. On estime que jusqu’à 80 % des hommes et femmes sexuellement actifs entrent en contact avec un papillomavirus une ou plusieurs fois au cours de leur vie. Les rapports sexuels protégés ne constituent pas une garantie absolue d’éviter la contagion. Ils réduisent simplement les risques de propagation du virus.
La meilleure protection contre le papillomavirus est la vaccination, qui ne protège cependant pas contre tous les types de papillomavirus (mais contre 70 à 80 % d’entre-eux). Les frottis de dépistage sont donc nécessaires, en plus de la vaccination. Seule une infection chronique par certains types de papillomavirus (principalement les types 16 et 18) peuvent causer un cancer du col de l’utérus, à très long terme.
En France, on compte plus de 3 000 nouveaux cas et 1 000 décès chaque année. Chaque année, les papillomavirus (HPV) sont responsables d’environ 6000 cancers en France, dont la moitié sont des cancers du col de l’utérus. Ces virus peuvent aussi provoquer des cancers de la vulve et du pénis, et de l’anus ou de l’oropharynx, notamment des amygdales, chez les deux sexes. Le vaccin est donc aussi recommandé à tous les garçons de 11 à 14 ans. Malheureusement, le virus circule fortement dans la population masculine, qui n’est pas incitée à se faire contrôler, même lors des dépistages réalisés au cours d’un « check up » des différentes MST. En cas de doute, il est recommandé de demander conseil à un professionnel et, pour les personnes ayant des rapports anaux, de voir un proctologue une fois par an. La généralisation en mars 2020 des tests HPV a permis de rendre les diagnostics plus fiables pour les femmes âgées de 30 à 65 ans.
Les signes possibles du HPV sont des petites verrues qu’on appelle condylomes sur les organes génitaux ou l’anus. Leurs apparitions au niveau des organes génitaux externes, chez l’homme ou la femme, doit amener à une consultation médicale. En cas de cancer du col, les symptômes les plus fréquents sont des pertes vaginales ou des saignements anormaux.
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